mardi 30 septembre 2014

Le coiffeur


Vous connaissez l’histoire de la fille qui sort de chez le coiffeur ?

Si vous êtes une fille, vous la connaissez forcément. Si vous êtes un homme qui a cohabité avec une fille (qui ne s’appelle pas Raiponce), vous la connaissez surement aussi.

Je vous passe les détails et vais directement à la chute : elle sort en pleurant. (Résultat d’une étude statistique très sérieuse réalisée sur un échantillon de la population féminine non dépressive.)

Pour en avoir fait moi-même l’expérience plusieurs fois, j’ai rapidement décidé de déserter au maximum les salons de coiffures dont la simple vision titillait mes glandes lacrymales. Je suis ainsi devenue spécialiste des tutos de type « comment couper sa frange toute seule » ou encore « une coloration home made en 3 leçons ».

Et quand mes pointes avaient des fourches plus grandes que Satan, je me décidais à franchir le seuil d’un salon, sous Lexomyl (mieux vaut prévenir). Puis, je répétais ma consigne « on fait juste les pointes s’il vous plait » une bonne douzaine de fois, et ne lisais mon Voici que d’un œil pour surveiller l’évolution des travaux.

Ça c’était avant.

Et voilà que le week-end dernier, fiévreusement assise dans le fauteuil de torture pour mon rendez-vous biannuel, à la question faussement anodine « Qu’est-ce qu’on vous fait aujourd’hui ? » posée par mon bourreau ciseaux en main, je m’entends répondre (baragouiner) : « un carré long, au niveau de la clavicule s’il vous plait ». 

Je pense avoir été fortement influencée par Lo  (aka Idéefixe) qui me répétais depuis quelques mois sur tous les tons que « un carré long, ça t’irait hyper bien » et elle me précisait dans un souci d’exactitude  « tu vois, là, au niveau de la clavicule».

La clavicule !
Je pense que ma coiffeuse avait piscine le jour où ils ont étudié l’anatomie du corps humain à l’école.

Je me suis retrouvée avec un carré court, et j’en ai déduis que ma coiffeuse localisait la clavicule au niveau des maxillaires. Et comme son deuxième nom était vraisemblablement Lucky Luke, elle a dégainé ses ciseaux et taillé dans la masse avant que je n’ai le temps d’attraper Voici.

J’ai résisté à l’envie de lui vider sa bombe de laque dans les yeux quand elle a eu fini son massacre et m’a demandée tout sourire « ça vous convient ? ». Et je suis partie sans payer, non sans préciser que, pour sa gouverne, la clavicule se situait 5 centimètres plus bas, "c'est pas au programme du CAP coiffure ?"

Et j’ai pleuré, donc.

Puis, je suis passée par plusieurs états successifs :

  •            Le déni : Non, ce n'est pas réel, je suis en train de rêver. Et qui est cette femme ratiboisée qui me regarde dans la vitrine en pleurant ?
  •            Le désespoir : C’est moi ??!!! [pleurs-pleurs-pleurs]
  •           La démence : traduite par une fascination inquiétante pour toute femme arborant des cheveux longs.  Ou l’envie irrépressible de  leur courir après et de renifler leur crinière.
  •          La peur : tout le monde va me trouver affreuse, les enfants vont me jeter des cailloux, ma vie est foutue ! J’ai plus qu’à avaler la boite d’oxylococcinum que j’ai dans mon sac à main, cul sec !
  •            Puis quelques heures plus tard, la relativisation : bon, non seulement personne ne me jette de cailloux, mais j’ai même le droit à des compliments (bande de faux-culs)
  •           Et enfin l’acceptation : ma nouvelle tête semble faire presque l’unanimité (le presque ayant 8 ans et 50% de mes gênes) (faites des gosses).


Bref, je me suis finalement réconciliée avec ma nouvelle tête, mais définitivement pas avec les coiffeurs.

Li-ratiboisée

 


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